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Son frère, debout, fume une cigarette tournant le dos à la scène. La main qu’il appuie, en arrière, au dossier d’une chaise est agitée d’un frisson.

Le père, les yeux sur le chien, comme s’il était entré seul, s’adresse à lui très affectueusement :

— Tiens, mon brave Perdreau, dis-moi un peu si cela vaut la peine d’être avalé.

Et il jette les morceaux de la génoise au braque ahuri qui les gobe comme il goberait des mouches, sans les apercevoir, puis le chien, s’asseyant sur son derrière, attend, les oreilles gonflées d’espérance, qu’on lui serve au moins un bel os de gigot après cet apéritif ridicule.

La jeune fille a-t-elle vu ce qui s’est passé ? On pourrait croire que non. Elle reconduit Perdreau jusqu’au chenil, et en lui enlevant sa laisse, elle flatte doucement son crâne bossu.

Elle n’a pas de rancune.