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sirs irréalisables. Oui, elle voudrait bien une robe neuve ou un gâteau inédit dont elle savoure le parfum sans jamais y avoir mordu. Mais très vite revenue à la monotone simplicité de son existence, elle ne regrette rien, ne se souvient même plus de ce qu’elle désirait, s’imaginant avoir été comblée par le rêve toujours plus beau que la réalité. Sans être pieuse, vivant entre deux hommes qui ne pratiquent aucune religion, sinon celle du renoncement, elle renonce aussi volontiers, incapable d’une révolte et surtout de formuler une revendication quelconque.

— Va donc me chercher Perdreau, ma chère enfant ! ordonne le père tranquillement.

Félia sort de la salle à manger le cerveau paralysé par le besoin d’obéir sans réfléchir à la peine prévue. Elle descend les grands escaliers, le perron, et les paons accourent à sa rencontre, tous leurs falbalas balayant le sol. Leurs petites têtes princières auréolées d’aigrettes se dres-