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reuse chez nous, complètement heureuse, si vous y demeuriez encore. Ne vous montrez pas plus méchante que vous n’êtes.

La tante riposta :

— Elle aurait mieux fait, la sotte, de te charger de m’apporter une salade de salsifis de pré, puisqu’elle sait que cela m’est ordonné pour mon estomac !

Félix de Tressac faillit pouffer de rire, mais peut-être eut-il peur de l’irriter davantage.

Cette vieille fée, réduite à l’impuissance physique, lui paraissait terrible par certaine lucidité morale. Quand elle se fâchait, elle prophétisait qu’elle les enterrerait tous, les enfants et les parents, avant d’aller reposer elle-même dans le cimetière du village de Tressac, où se trouvait le caveau funéraire de la famille, en son temps suzeraine du pays.

— C’est bon, c’est bon ! grogna-t-elle, se serrant dans les plis de son châle pour y dissimuler ses doigts pointus, vous vous