Page:Rachilde - L’Amazone rouge, 1931.djvu/63

Cette page n’a pas encore été corrigée

ne nous aviez pas quittés malgré mes conseils, vous n’en seriez pas réduite à vivre dans ce déplorable courant d’air, sans feu ni paravent. Non, ma chère amie, vous ne deviez pas vous retirer du cercle de la famille. Mon fils est venu pour vous dire qu’il regrette bien les belles parties de paradoxes que vous faisiez tous les deux quand vous étiez de bonne humeur. Nous sommes désolés de vous savoir si loin et si petitement logée. Songez au tort que vous nous faites et que vous vous faites à vous-même ! Nous vivions convenablement tous les quatre sur une propriété nous fournissant juste le nécessaire, cependant, vous aviez vos coudées franches, la possibilité de satisfaire vos manies. Ma fille n’a jamais refusé de vous cueillir vos herbes préférées, fût-ce au clair de lune selon vos rites un peu spéciaux. Mais c’est une enfant obéissante. Elle ne discute jamais avec ses parents si, en revanche, mon aîné s’amuse aux plaisanteries voltairiennes. Aujourd’hui, vivant séparés, nous aurons