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deux fenêtres percées en œil-de-bœuf qui ventile la soupente, car la tante Fantille, née de Tressac, épouse Corbier, demeure sous les toits dans une mansarde absolument démunie de tous les conforts.

C’est une sorte de momie encaquée dans un vaste fauteuil-sarcophage, les pieds sur une chaufferette, un bonnet de piquet monumental lui serrant la tête jusqu’au milieu du front, un châle de deuil enveloppant son buste d’où pointent des petites mains de ouistiti. Elle ne se lève jamais de là, ne se couche pas davantage, ne mange presque rien tout en buvant continuellement des tasses de quelques nouvelles mixtures de sa composition ou fabriquées sur des nouvelles ordonnances, des remèdes de bonnes femmes de sa trempe.

Elle pousse un cri d’oiseau rageur, un vrai cri de pie-grièche, à la vue des deux hommes inclinés respectueusement (à cause de la propre inclinaison de la toiture) et très embarrassés de leur trop haute personne.