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boutique puant le cuir, c’est-à-dire la vraie, la solide marchandise.

Le cordonnier les attendait en ricanant. C’est toujours ainsi. Des clients sérieux qui se mêlent de faire les petites folles !

Sortis de la bataille avec l’air un peu vexé de barbares en déroute devant une armée de mauvais plaisants, ces Messieurs de Tressac se consultent du regard.

Ils sont au coin de la rue Limogeane qui mène à la fameuse cathédrale de Saint-Front, mais ce n’est pas là leur but.

Il s’agit de se présenter chez la tante Fantille.

— On ne peut guère s’en dispenser ! déclare le père de très mauvaise humeur.

— En effet, murmure le fils, puisque c’est le jour…

Et, pressant le pas, comme montant à l’assaut d’une citadelle, ils grimpent la rampe de la sombre rue Limogeane, une ruelle, mal pavée, coupée de ruisseaux, où le teinturier a lâché des résidus de toutes les couleurs.