Page:Rachilde - L’Amazone rouge, 1931.djvu/52

Cette page n’a pas encore été corrigée

Félia se lève de bonne heure.

Elle fait sa toilette minutieusement sur un lavabo de poupée dont tous les ustensiles ressemblent à des jouets. Cuvette, pot à eau, seau et broc sont des objets d’une porcelaine délicate qu’il ne faut point heurter, car tout est fendu, fêlé, ébréché, mais tellement précieux. Elle ne sait pas pourquoi, cependant elle aime cette jolie vaisselle qu’elle a toujours vue là, qui lui manquerait si elle disparaissait en mille miettes comme le service d’en bas ayant fini sous les coups de torchons trop vifs d’une cuisinière goûtant fort l’eau-de-vie de prunes.

Il y a au-dessus du lit une énorme croix assortie à la penderie lugubre, une croix noire où demeurent les clous qui attachaient jadis le Bon Dieu en ivoire ou en cuivre.

Félia de Pressac fait son lit elle-même et y dort d’un sommeil enfantin.

Elle considère son appartement, sa chambre triste, son petit salon bric-à-