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lots tout au plus bons à distraire une gamine de l’école de son village.

Sur les murs, tendus d’un damas gris de perle moisi dans les angles, se dessinent des ronds, des carrés ou des ovales plus clairs indiquant l’existence passée de cadres dont les tableaux ont disparu.

Mais le cadre de la fenêtre, donnant sur la terrasse de l’ancien couvent, son miroir d’eau, fait ressortir le splendide tableau de la vallée. On voit les saules courbés sous leurs chevelures éplorées, les ruisseaux fuyant dans la prairie la cisaillant de leurs lames de cristal, et, là-bas, la route blanche gardée par ses rangs de grands soldats rigides, les peupliers.

La remontée brusque de l’autre colline met une barrière, s’interpose entre le calme, la solitude des pays déserts et la vie des pays habités, l’existence des villes. Sans cette colline, on apercevrait peut-être le chef-lieu redoutable, ses faubourgs usiniers.