Page:Rachilde - L’Amazone rouge, 1931.djvu/48

Cette page n’a pas encore été corrigée

communiquer les deux pièces. La seconde est un boudoir, un fouillis amusant où la jeune fille a placé, sans beaucoup d’ordre ni de respect pour les styles, des tas de choses qu’elle a descendues des greniers et qui datent de loin. Il y a des chaises en forme de lyre cannées, percées, aux vernis dédorés, un large fauteuil Louis XV, une bergère en brocart rose tendre qui tourne au jaune soufre, une table-bureau dont une jambe est calée par une pile de livres. Si on heurtait ces livres d’un coup de balai, on verrait s’écrouler tous les objets entassés sur ce meuble. Statue de la vierge en ivoire, curieux travail de la Renaissance, vases de verre coloriés très communs que l’on gagne en tournant la roue de la fortune dans les foires du pays, une jatte de vieux chine où nagent des fleurs de l’étang d’en face : corolles de nénuphars et sagittaires. Puis des gravures pieuses, de mauvaises photographies, entourées de pailles tressées, des bibe-