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Dans sa chambre, Félia contemple ardemment la cour derrière le rideau de tulle que tapotent ses doigts frémissants, et elle le tire comme si elle voulait se défendre de toute espèce de curiosité, comme elle tire, sur ses prunelles luisantes, les rideaux de ses paupières.

Elle a envie de tant de choses, et la ville a des magasins si luxueux !

Elle voudrait des épingles à cheveux qu’elle ne trouvera jamais chez la mercière du village, des laines pour broder, et puis des pantoufles de cordes. C’est tellement commode ces espadrilles qu’on appelle des mules d’Espagne sans qu’on sache au juste s’il s’agit d’animaux ou de chaussures !

Et puis… et puis !…

Voici la Lison qu’on amène attelée au cabriolet haut sur ses roues dégingandées. Les pieds de la jument, ferrée à neuf, tapent solidement sur les dalles de la cour, et elle encense de plaisir. Lison aime à se promener. C’est une bonne bête, de