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son secours… on l’enlève du feu… on la pose sur ses menus pieds au bord des cendres, puis on introduit dans les gros bouillons où dansent les châtaignes blondes l’évirouloir, une pince à deux branches en bois strié de coches, et les mains vigoureuses de la cuisinière, une vieille femme enveloppée d’un fichu tricoté laissant passer son nez en bec de canne, triture les fruits pelucheux jusqu’à ce qu’ils se dépouillent complètement de leur seconde peau. On replace les châtaignes blanchies dans la marmite, sur un lit de grosses pommes de terre bien rondes, dont la chair cuite à point sera d’un jaune d’ambre, et on bourre le tout d’un chiffon qui ne doit servir qu’à ça… autant que possible !

Le couvercle de nouveau solidement vissé sur le chiffon, la marmite est remise au feu sans une goutte d’eau. Vivement, on active la claire flambée du sarment, et les châtaignes, dans la vapeur qui les mord, prennent une couleur dorée, les