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je rencontre des couples ivres qui sortent des cantines. Boire, manger, ne pas s’en faire. « Et la guerre ? » — « Allons donc, ma bonne dame ! Nous sommes un peu là pour vous défendre ! » Je sais comment on m’a défendue, jadis. Tous les soirs, je vérifie le cran de mon revolver. Il paraît qu’il faut rendre les armes. Je n’entends rien à ces nouvelles ordonnances. J’ai reçu moi-même les cambrioleurs du dernier numéro de cette comédie. Ils sont partis, sans grand dommage et très vite. Si je dois recevoir un espion, je l’exécuterai, mais après l’avoir entendu, toutefois. Des espions ? Est-ce qu’ils ne connaissent pas tout d’avance ? Et nos plans, et nos armements et surtout nos manques de prévisions. Grâce à M. Charles Humbert, l’homme aux impressionnantes statistiques, ils ont connu l’histoire inouïe de nos soldats qui devaient partir avec un soulier — celui du pied ferme. — Quand je pense que j’ai injurié ce pauvre grand homme dans une revue, m’imaginant qu’il avait tort de dire tout haut ce qui se répétait tout bas. Il a joliment réparé sa gaffe, si c’en était une, le Mon-