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droit quand je pourrai faire, à mon aise, la chatte pleine me roulant en grosse boule dans l’herbe ou dans mon lit. Je ne connais qu’un remède : le sommeil. « Quand je mourrai, ce sera qu’ayant résolu de me reposer, j’aurai tellement pris de précautions pour demeurer tranquille que je resterai enfermée pour toujours en un lieu inaccessible. »

Cependant, si les maladies ordinaires, à part l’accident de ma naissance, m’ont épargnée, je me suis inventé ou j’ai subi de redoutables supplices d’imagination, quoique point imaginaires, et ma stupeur est d’être encore à peu près saine d’esprit ! Fille de folle, je suis presque une femme raisonnable, ce qui est ahurissant pour moi après ce que j’ai dû endurer ou que j’endure quotidiennement sans qu’aucun geste de réel égarement me trahisse. Je tourne toujours dans un cercle qui non seulement doit être vicieux, selon la loi commune, mais qui me semble s’être arrondi autour de ma seule personne. Je vois les autres graviter au dehors sans paraître se soucier de leur cercle personnel ; alors