Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


II


Seule, je suis seule. Je n’attends rien. Je n’espère pas. Je ne vois personne et je ne parle presque plus. Quand le bon compagnon vient, nous ne parlons pas davantage, ayant trop pris l’habitude de penser aux mêmes choses. Quand il m’écrit, nos lettres se croisent, parce que je lui écrivais ce qu’il m’écrit. De temps en temps nous nous disputons avec la subite véhémence que mettent le dogue et la chatte pleine à s’expliquer sur un os de poulet. Mais il ne s’agit pas de nos affaires. Il (le dogue) trouve que tout marche à souhait. Moi (la chatte pleine) je constate que ça va mal et je cherche à lui cacher le mieux possible les petits de mon imagination pour qu’il n’essaie pas de les réduire à néant. Quand je mesure le chemin parcouru des sommets d’il y a deux