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de vieil homme de caractère difficile, puis, par l’entrebâillement, des crocs se sont plantés dans ma cuisse. J’ai pu repousser le battant de toutes mes forces et le reverrouiller ; je suis remontée rapidement, n’ayant plus du tout envie d’aller au diable. J’ai tenu, tout le reste de la nuit, une éponge imbibée d’eau de toilette sur ma cuisse, car, je ne le connaissais pas, moi, ce chien. Il ne grognait pas quand je l’ai vu. Au jour, il n’est pas terrible, car on ne l’attache pas. « Est-ce qu’il t’a mordue ? » demande le bon compagnon. « Il a eu l’intention, je crois. » Son intention n’a d’ailleurs aucune vilaine apparence. La plaie est déjà cicatrisée et je n’ai pas besoin d’exhiber cette blessure… C’est le métier de l’exil qui entre, comme dirait un humoriste.

Ta queue ! est un très bon chien de garde. Il est absolument fou, mais sans malice. La nuit, il ne veut rien savoir des intrus qui pénètrent dans sa cour, voilà tout. Le jour, il tourne après sa queue. C’est son sport, c’est son triomphe. N’importe qui lui donne l’ordre de tourner : il tourne. Pour actionner ce