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ALFRED JARRY


lement vous allez rendre la corvée très facile, presque agréable !… »

On entama chacun sa côtelette.

« Ce n’est point fort bon… ni très mauvais », maugréa le pauvre garçon qui changeait de couleur à vue d’œil.

Moi je coupais ma viande en menus morceaux et je la salais comme s’il se fût agi d’un œuf dur.

J’avais, j’ai toujours, un estomac merveilleux, qui me permet toutes les fantaisies gastronomiques, à la condition de les arroser d’eau fraîche.

Le malheureux buvait, coup sur coup, son absinthe traditionnelle (sans vinaigre ni encre), mais cela n’allait pas mieux pour lui.

« Et la graisse, la comptez-vous dans le programme ? soupira le patient.

— Naturellement, lui répondis-je la bouche pleine. C’est ce qui s’avale le plus vite parce que ça fond… »