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ALFRED JARRY


monie des gestes et la noblesse de l’attitude, la puissance des ressorts physiques passant au second plan. On a prétendu qu’Alfred Jarry était un athlète, mais, sans doute, dans la mauvaise acception du mot. Il n’avait que la force du singe, force mêlée d’adresse et de brusqueries inutiles, plus inquiétante que vraiment redoutable. En réalité, c’était un impulsif doublé d’un faible. Sans sa terrible passion pour l’alcool il aurait peut-être dompté son naturel… d’homme des bois. L’abus de l’absinthe en faisait un fou ; or les fous sont toujours des héros manqués.

Je ramassai la soie qui traînait sur le tapis, et me souvenant, à propos, de l’épithète dont le nouveau venu avait gratifié notre innocent travail, je lui posai cet écheveau sur les bras en lui disant, le plus naturellement du monde, comme si je ne m’étais point aperçue de son