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ALFRED JARRY


avec de nombreuses surcharges anciennes, et quelques autres corrections d’une encre plus fraîche. Or, M. Charles Morin déclare que son manuscrit à lui, confié par son frère à Jarry, était sans ratures. Ce manuscrit de M. Charles Morin n’a pu être retrouvé ; tant qu’on ne l’aura pas, il planera un doute. Car M. Morin affirme que le texte de Jarry est conforme au sien, à quelques variantes près ; et sa bonne foi est hors de discussion, mais sa mémoire peut le tromper. Elle pouvait déjà le tromper en 1896, puisqu’il y avait alors déjà dix ou onze ans qu’il avait écrit sa pièce (Chassé, page 32).

Provisoirement, voici ce qui paraît probable. Jarry aura travaillé sur le manuscrit de M. Morin, mais comme sur un brouillon de premier jet, en y apportant des modifications qui lui auront semblé, à lui, et qui sont peut-être en effet plus importantes que M. Morin ne pouvait s’en rendre compte à distance. Observez que M. Morin attribue lui-même à Jarry des changements de noms, et notamment l’invention de celui d’Ubu. Quelqu’un disait à M. Chassé, qui le raconte : « Jarry n’eût-il inventé que le nom d’Ubu, ce serait