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tures dans les plombs. Où dois-je les vider ?… je vous en prie, Monsieur, faites-moi le plaisir de me le dire !…

Elle posait son chapeau et se remuait étonnamment.

— Allons, Berthe, va mettre le reste de la brioche au four. Monsieur boira bien un peu de thé… hein ?…

Berthe s’éclipsa, abandonnant son pauvre amoureux dans la chambre parmi les traces multicolores de madame Gérond.

Hélas ! Jean devait passer, rue Vieille-du-Temple, par tous les arcs-en-ciel possible. Chimie et passion combinée !

Non seulement il accepta la tasse de thé, mais il fut convenu que tous les dimanches il y aurait soirée chez ces dames en l’honneur du commis de nouveautés et du vieux cousin.

— Vous serez le protecteur de ma fille !… décidait la veuve en toute innocence, car elle ne croyait pas que Soirès eût autre chose dans la tête qu’un mariage bien assorti.

Durant un mois il multiplia les visites sans obtenir plus que la première fois. Berthe devenait rose, puis rouge et se sauvait. On avait le culte des nuances vives dans la famille Gérond ! Il offrit des billets de théâtre. Le supplice changea de genre. Madame veuve Gérond s’installait entre eux deux, tenant la boîte de fruits glacés qu’elle voulait absolument conserver pour le dessert du lende-