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de la cheminée. On entendit un léger crépitement et le comte revint au banquier.

— Si je prenais congé ? lui demanda-t-il à mi-voix.

Un peu rassuré, celui-ci haussa les épaules.

— Par exemple !… Tenez ! Berthe est remise… un petit coup de théâtre était de saison, mon cher ; ces dames vous sauront gré de cette entrée à sensation ! Allons… Monsieur Guy… une valse !… Le pauvre homme est bien mort… rien à faire, n’est-ce pas ?… Il y a, par ici, une espèce de tripot, il aura joué et il aura… perdu !

— Un simple fait divers ! affirma le comte avec une urbanité charmante.

La valse produisit une heureuse réaction.

Les conversations éclatèrent sur un ton très élevé ; les femmes, la poitrine agitée, se dirigeaient du côté des fenêtres.

Jane Sivrac, réveillée, racontait des histoires de spectre, et les gilets à cœur dépêchaient un journaliste pour apprendre quelque chose du pharmacien chez lequel on avait transporté le suicidé.

Berthe, les yeux démesurément grands, suivait de loin tous les gestes de M. de Bryon.

Son mari le lui amena.

— Oh ! petite exaspérée ! fit Jean en portant à ses lèvres les mains de la jeune femme !… Nous croyons donc aux revenants ?…

— Madame, murmura le comte de Bryon, je suis tout prêt à disparaître, non sous le plancher comme