Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/224

Cette page n’a pas encore été corrigée

lui fournirait incessamment la scène de l’Opéra.

Le fleuve fut dragué dans ses moindres recoins. On tendit des filets au pont de Bercy, et l’on visita avec soin tous les cadavres de femme que les dragueurs rencontrèrent, on examinait surtout les chevelures blondes, mais la Seine garda son secret.

Durant ce temps le comte de Bryon, rétabli, se montra un peu dans tous les mondes. On l’accablait de questions derrière les éventails et il souriait d’un sourire triste.

— Mesdames, répondait-il aux indiscrètes, je crois que cette jeune femme est morte noyée ; seulement je n’en jurerais pas… voilà tout ce que je peux vous apprendre !…

Il écrivait régulièrement à Langarek, évitant les sujets trop pénibles, ne citant jamais un fait du banquier Soirès sans ajouter : « Celui que vous ne voulez plus revoir… etc. », relatant les détails de sa fuite en lui faisant sentir que c’était elle qui avait voulu fuir. L’unique responsabilité qu’il désirait conserver était celle de son amour fraternel, dévoué, désintéressé, sublime dans son abnégation chevaleresque.

Puis, les derniers murmures de ce scandale tout à fait calmés, il repartit pour Nice, y accompagnant la vieille duchesse de Sauvremieux qui prétendait avoir un immense besoin d’air.

Le mois de juin approchait. Berthe passait toutes ses journées au milieu de son jardin plein de roses ou sur les falaises de Langarek. Une torpeur