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Puis-je en la guerre ou dans la cour
Faire une fin si glorieuse ?
Je meurs par une main la plus victorieuse
Qui jamais tint le sceptre en l’empire d’Amour.




STANCES.


Thirsis, il faut penser à faire la retraite[1] :
La course de nos jours est plus qu’à demy faite.
L’âge insensiblement nous conduit à la mort.
Nous avons assez veu sur la mer de ce monde
Errer au gré des flots nostre nef vagabonde ;
Il est temps de joüir des delices du port.

  1. Ainsi que nous l’avons déjà remarqué, ces stances et le monologue du 5e acte des Bergeries forment l’œuvre vraiment capitale de Racan. Quiconque a un peu lu les sait par cœur, ou ne se lasse pas de les relire. Une chose aussi universellement admirée pendant plus de deux siècles échappe à tout commentaire, comme elle a épuisé toutes les observations.

    Tallemant des Réaux dit dans le chapitre qu’il a consacré à notre poète : « Il n’a jamais su le latin, et cette imitation de l’ode d’Horace : Beatus ille, etc., est faite sur la traduction en prose que lui en fit le chevalier de Bueil, son parent, qui s’estoit chargé de la mettre en vers françois. » — Par cette imitation il faut entendre les admirables stances sur la retraite, dit en note le savant associé de M. de Montmerqué pour la 3e édition de Tallemant, M. Paulin Pâris.
     
    Il est probable, en effet, que ce sont ces stances dont Tallemant des Réaux a voulu parler ; mais quant à son assertion particulière touchant une traduction en prose qu’auroit faite le chevalier de Bueil pour que Racan la mît en vers, il est à remarquer que ce n’est pas seulement avec la 2e ode du livre des Épodes que les stances sur la retraite offrent quelques rapprochements dans les pensées, que notamment la 2e et la 5e stance en rappellent deux de la 10e ode du 2e livre, Rec-