Page:Rabutin - Correspondance, t. 1, éd. Lalanne, 1858.djvu/73

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
53
1667. — AOUT

rite bien que je travaille pour elle : j’y consens ; mais la peine que je me donnerai mérite bien aussi qu’elle m’apprenne son nom.

Le comte de Guiche a mal pris son temps pour demander des grâces à Castel Rodrigo quand il vient de perdre deux places ; le chagrin invite au refus, comme la joie dispose à tout accorder.

Il ne peut arriver de bonne fortune à la comtesse de Guiche au-dessus de son mérite et de mes souhaits. Je vous envoie un sonnet pour votre amie.

Si tu voulois aimer un homme de bivouac,
Je t’offre un cœur plus chaud que le soleil d’Afrique,
Je suis net en amour, de même qu’en musique,
Et n’y saurois souffrir ni faux ton ni micmac.

Je n’ai (quoique guerrier) jamais pris de tabac ;
Je ne suis ni chagrin, censeur, ni politique,
Qu’on me trouve un amant d’une telle fabrique
Pour moi je n’en connois que d’ab hoc et ab hac.

Veuille donc à mes maux donner un prompt remède,
C’est-à-dire en un mot être mon Ganimède ;
Je ferai sur tes yeux bouts-rimés et rébus.

Bref, je me réduirai plutôt à mon éclanche,
J’emprunterai plutôt du trop pressant Dimanche[1],
Que d’être sous tes lois en amant de bibus.

58. — Madame de Gouville à Bussy.
À Paris, ce 12 août 1667.

Nous sommes bien aises que vous soyez satisfait de nos portraits : il est vrai que celui de la comtesse la fait plus

  1. Le Dimanche du Festin de Pierre, qui avait été représenté pour la première fois, deux ans avant cette lettre, en 1666.