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CORRESPONDANCE DE BUSSY-RABUTIN.

vertir. J’ai rempli vos rimes sur la campagne du roi, on ne peut choisir de plus belle matière.

Lorsque je vois le roi nuit et jour au bivouac.
Je crois fort aisément qu’il domptera l’Afrique.
Il préfère aux concerts la guerrière musique,
Et soumet tout par force et jamais par micmac.

Nous verrons avec lui le pays du tabac ;
Il y fera des lois comme un grand politique ;
Il y fera des forts et de pierre et de brique,
Où l’on ne vivra point et ab hoc et ab hac.

À tout par sa prudence il donne le remède ;
Il désarme d’un mot l’oiseau de Ganimède,
C’est-à-dire l’empire en figure ou rébus.

Manger sur le gazon le jambon l’éclanche,
Ne reposer jamais ni fête ni dimanche,
Ce n’est pas, messieurs, être un roi de bibus

54. — Bussy au duc de S(aint-Aignan).
À Chaseu, ce 20 juillet 1667.

Il ne seroit ni juste ni honnête que je ne vous écrivisse jamais que pour vous demander des grâces, monsieur. C’est donc pour me réjouir avec vous des victoires du roi que je vous écris aujourd’hui, et pour vous témoigner mon chagrin de n’être pas auprès de S. M. pour essayer de me mettre au devant des coups auxquels il s’expose si souvent. Vous n’aurez pas de peine à le croire, quand outre un peu d’estime que vous avez peut-être pour moi, vous songerez au plaisir que j’aurois de faire voir en hasardant ma vie, que j’ai plus de zèle pour sa personne et plus de courage que les gens qui m’ont rendu de mauvais offices auprès de lui. Je leur pardonne de bon cœur_, car Dieu le veut ; mais je ne sais pas si Dieu leur pardonnera. Je vous