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1667. — JUIN
49. — Madame de (Montmorency ?) à Bussy.
À Paris, ce 1er juillet 1667.

À présent que je ne suis plus campagnarde, vous aurez plus souvent de mes nouvelles et de celles du monde. Je ne sais si vous m’aurez fait de la justice de croire qu’il falloit que je ne fusse pas à Paris, puisque je demeurois si longtemps sans me donner l’honneur de vous écrire, ou si vous ne m’avez pas déjà condamnée de paresse. Quoi qu’il en soit, la dernière lettre que vous m’avez écrite est si obligeante, que je vous pardonne aisément tout le tort que vous pourriez m’avoir fait là-dessus.

Au reste, je ne doute pas que vous n’ayez bien de la joie de toutes les prospérités des armes du roi. Sa personne fait beaucoup plus d’effet que le nombre sans elle et que la valeur de ses soldats : car dès qu’il a paru devant Tournai, tout a cédé à sa réputation[1].

Vous aurez appris, monsieur, les particularités de ce siège, par mille relations, et je ne doute pas qu’on ne vous ait mandé que le roi est allé à la tranchée et a regardé par-dessus. En vérité, il n’y a rien de si beau que de voir aller le roi dans des lieux aussi dangereux : il y a eu un page tué à ses côtés. Les poltrons ne trouveront pas leur compte avec lui ; car malgré qu’on en ait, il faut marcher droit. Adieu, monsieur, tâchons de nous consoler, car personne n’en prendra le soin pour nous.

  1. Tournai, assiégé le 21 juin, se rendit le 25.