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CORRESPONDANCE DE BUSSY-RABUTIN.

beaucoup de bien et que je ne vous flatterois pas. Mandez-moi vos noms de baptême.

Je ne doute pas que le sujet de l’escapade de madame de Montglas ne soit celui que vous me mandez ; car je connois son attachement pour les meubles[1].

Au reste, j’essaierai d’être à Paris à la fin de la campagne : je n’y voudrois pas aller plus tôt quand je le pourrois, le roi étant en Flandre. Il faut être chez soi quand on ne peut être avec lui : il n’a pas tenu à moi ; je lui offris mes services à la fin d’avril dernier par une lettre à laquelle je n’eus point de réponse. Adieu, madame ; je m’en vais écrire à notre comtesse au bas de votre lettre.


À la comtesse du Plessis.

Vous avez pu voir, madame, dans la lettre que j’écris à madame de Gouville, ce que je pense sur ce qui regarde mademoiselle de *** et sa maîtresse (madame de Montglas.)

Pour répondre à ce que vous me mandez, que vous êtes plus de mes amies que personne du monde, je vous proteste qu’à regard du cœur on ne peut pas mieux mériter cette grâce-là que moi. Je n’ai jamais eu tant d’envie de revoir une amie que vous. J’espère me satisfaire cet hiver là-dessus. Cependant je vous supplie de croire que je vous aime, et que je ne changerai jamais de sentiments, quand même vous seriez treize mois à la Bastille et ensuite exilée.

Je ne vous écris qu’une demi-lettre, je vous en écrirai une entière quand vous m’en donnerez l’exemple, ou plus tôt quand il vous plaira ; car je sais quelle est votre paresse sur ce chapitre et pour moi cela ne me coûte rien.

  1. Bussy est un ingrat. Il aurait dû se rappeler ce qu’il a écrit lui-même dans ses Mémoires, que madame de Montglas lui donna, en 1658, ses diamants pour qu’il pût se procurer de l’argent que madame de Sévigné lui avait refusé. Voy. Mémoires, t.  II, p. 52.