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CORRESPONDANCE DE BUSSY-RABUTIN.

térité les sache ; car je perdrois mon temps si je m’attendois aux historiens publics qui n’écrivent rien que les ministres ne le voyent, et qui dès là n’ont garde de condamner la conduite de ces ministres par les éloges des gens qu’ils ont maltraités.

Voilà la vie que je fais ici, ma chère cousine, qui ne m’empêchera pas pourtant de passer l’hiver à Paris, si le roi me veut croire ; car je meurs d’envie de vous y voir et d’aller philosopher avec vous. Cependant, ma chère cousine, songeons à notre santé, car il n’y a rien de tel pour les malheureux que de vivre. On voit bien des changements, mais quand il n’en arriveroit point en notre faveur, le pis aller, c’est qu’on vit.

47. — Madame de Gouville à Bussy.
À Paris, ce 30 juin 1667.

J’arrive de la campagne de mon côté et notre cousine de Fiesque du sien. La première chose à quoi nous pensons, c’est à vous écrire et à vous prier d’envoyer chez moi prendre nos deux portraits.

Vous croyez bien que nous avons une furieuse impatience de savoir ce que vous mettrez au-dessous. Elle n’égale pourtant pas celle de vous voir. Eh ! mon Dieu, mandez-nous donc quand ce sera et si vous ne croyez pas revenir ici l’hiver qui vient. La comtesse dit qu’elle ne vous écrit pas, mais qu’elle est assurée que vous n’en êtes pas moins persuadé de son amitié. Entre vous deux le débat. Pour moi, qui suis encore toute nouvelle venue de la campagne, je ne sais aucune nouvelle particulière ; car, pour les publiques, les gazettes vous les apprendront.

Je ne puis aussi vous rien dire de fort particulier sur madame de Montglas : elle m’a pourtant écrit qu’elle ne m’étoit pas venue dire adieu parce qu’elle étoit si chagrine