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1667. — JUIN

suis assuré qu’elle n’est pas si mal satisfaite de sa fortune que moi ; et sa vertu lui fera attendre sans impatience un établissement avantageux, que l’estime extraordinaire que j’ai pour elle me persuade être trop lent à venir. Voilà de grandes paroles, madame ; mais, en un mot, je l’aime fort, et je trouve qu’elle devroit plutôt être princesse que mademoiselle de Brancas[1].

43. — Madame de M(ontmorency ?) à Bussy,
À Paris, ce 3 juin 1667.

Je ne vous écrirai qu’un mot aujourd’hui, parce que j’ai la migraine ; mais quand j’en devrois mourir, je ne saurois laisser passer cet ordinaire sans vous témoigner la joie que vous m’avez donnée en m’apprenant que vous m’aimez toujours autant que vous me l’avez promis. Vous devez juger si je fais cas de votre amitié par l’alarme que j’avois prise de la perdre.

Au reste, je crois que vous serez surpris d’apprendre que madame de Montglas a chassé mademoiselle de ***. Je ne vous en manderai point le détail, parce qu’il faudroit entendre les raisons de part et d’autre pour le bien savoir. Je sais de plus que la dame s’en est allée sans rien dire à personne, pas même à son mari, et qu’elle est allée à C…, où elle passera l’été ; il y en a même qui disent qu’elle ne reviendra point que pour se mettre dans un couvent. Dieu sur tout. Vous vous souviendrez que vous m’avez promis tous les petits vers que vous feriez sur elle.

  1. Françoise de Brancas, mariée (1667) à Charles de Lorraine, prince d’Harcourt. Son père, le comte de Brancas, se rendit fameux par ses distractions, et a servi de type à la Bruyère pour le caractère de Ménalque.