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1667. — MAI

Il me semble que je sors de l’académie[1]. Cela me réjouit infiniment, et d’autant plus que le roi m’a fait l’honneur de me permettre ce voyage, dont je laisse à madame du Bouchet à vous dire les nouvelles fines et délicates, à quoi je ne suis pas propre.

Je voudrois bien que vous missiez en exécution le dessein que vous avez projeté de venir participer à nos victoires. Je vous assure que de tous les héros qui composent notre formidable armée, il n’y en a pas un qui eût tant de joie de vous y voir que moi. Je vous prie de m’excuser si je me mets de ce nombre ; mais que voulez-vous ? il y en a tant et de tels que je pourrai passer parmi les autres sans qu’on y prenne garde. Adieu, mon très-cher cousin ; croyez que c’est du meilleur de mon cœur que je vous assure que je suis à vous.

41. — Madame de Sévigné à Bussy.
À Paris, ce 20 mai 1667.

Je reçus une lettre de vous en Bretagne, mon cher cousin, où vous me parliez de nos Rabutins et de la beauté de Bourbilly. Mais comme on m’avoit écrit d’ici qu’on vous y attendoit, et que je croyois même y arriver plus tôt, j’ai toujours différé à vous faire réponse jusqu’à présent, que j’ai appris que vous ne viendrez point ici. Vous savez qu’il n’est plus question que de guerre. Toute la cour est à l’armée, et toute l’armée est à la cour. Paris est un désert ; et désert pour désert, j’aime beaucoup mieux celui de la forêt de Livry, où je passerai l’été,


En attendant que nos guerriers
Reviennent couverts de lauriers.

  1. L’académie était, comme on sait, une école d’équitation destinée aux jeunes nobles.