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1667. — MAI

Il faut bien malgré moi que j’en quitte ma part ; mais comme j’aime à me consoler de tout, voici ce que je me dis sur ce sujet : qu’elle m’a trop coûté de peine pour si peu de profit ; que j’ai été assez longtemps sur le théâtre pour être à mon tour spectateur et juge des coups ; et qu’enfin je suis plus tranquille que ceux qui cherchent de l’argent, pour aller à l’armée, sans en pouvoir trouver.

Je fais rarement des reproches à mes amies, madame. Si elles ont tort, elles ne les méritent pas et, si elles ont raison, on les fâcheroit. Je ne vous ai point crue malade : je vous en aurois témoigné mon chagrin ; vous me lavez épargné, madame, je vous en remercie : je vous assure que vous n’avez pas un ami plus fidèle que moi.

37. — La comtesse de Fiesque à Bussy.
À Paris, ce mai 1667[1].

Je vous assure, monsieur, que je vous ai écrit une grande lettre de l’hôtel de Sully : la duchesse vous fit même un compliment dans ma lettre et badinoit avec vous ; nous vous mandions toutes les nouvelles. Ne croyez jamais que je puisse changer pour vous ; comptez sur mon amitié pour toute votre vie ou plutôt pour toute la mienne. Vous avez tort de vous plaindre de mon amitié : elle ne mérite pas d’être comparée à l’amour de qui vous savez.

Je voudrois bien que vous fussiez revenu comme les autres ; il faut espérer que ce sera bientôt. Voici une guerre où chacun trouvera son coin.

Chamilli va servir d’aide de camp auprès du roi ; nos

  1. L’imprimé donne à cette lettre la date du 26 mai ; or, la réponse de Bussy étant du 5, il y a erreur d’un côté ou d’un autre. Peut-être faut-il lire 26 avril.