Page:Rabutin - Correspondance, t. 1, éd. Lalanne, 1858.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
23
1667. — MARS
28. — Bussy à madame de Gouville.
À Bussy, ce 17 mars 1667.

Je vous aurois plus tôt fait réponse, si je n’avois été dans un petit voyage quand votre lettre du 2 de ce mois m’arriva. Je vous dirai donc, madame, pour y répondre, que je suis fort aise que la comtesse de Fiesque et vous soyez toujours bonnes amies et que vous parliez fort souvent de moi : je ne suis pas en peine de quelle manière.

Vous me mandez plaisamment qu’il n’y a ni oncle ni tante qui ne vous fassent ressouvenir de moi : vous voulez dire, madame, qui ne vous oblige à me regretter. Mais si vous n’aviez ajouté : « Et pour dire mieux, tout ce que nous voyons d’agréable ne nous fait point oublier le plaisir qu’il y a de vous voir, » je n’aurois pas été content. Car on peut bien être plus divertissant que les tantes et que les oncles, et ne laisser pas d’être encore fort ennuyeux.

Vous le saviez bien, madame, et vous vous êtes prudemment expliquée, pour ne laisser aucun doute à votre ami du cas que vous en faisiez.

Mais je m’amuse à badiner comme si je n’étois pas fort chagrin de l’état où vous me mandez qu’est notre amie (la comtesse de Guiche ?). Je vous assure, madame, que je n’en serois pas plus affligé que je le suis, quand les soupçons des jaloux ridicules auroient été bien fondés ; et quand ils en devroient enrager, je prendrai toute ma vie le plus grand intérêt du monde en elle.

29. — Madame d’Humières à Bussy.
À Saint-Germain-en-Laye, ce 18 mars 1667.

Si ma santé, depuis que vous avez quitté ce pays-ci, m’avoit pu permettre d’écrire, vous auriez vu que je ne suis