Page:Rabutin - Correspondance, t. 1, éd. Lalanne, 1858.djvu/31

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
11
1666. — OCTOBRE

avancé que ceux qui n’en auront bougé. Je suis ici très-commodément : j’y fais bonne chère, j’embellis tous les jours une belle maison. Je n’y ai ni maître ni maîtresse, parce que je n’ai ni ambition ni amour, et j’éprouve ce que je croyois impossible il y a deux ans, qu’on peut vivre heureux sans ces deux passions. À la vérité, si quelque chose est propre à en rebuter, c’est ce qui m’est arrivé sur ces deux chapitres, et je serois incorrigible si je n’en étois bien guéri. Je vous assure, mademoiselle, que personne n’est plus disciplinable que moi : ce n’est pas que je ne me défie assez du cœur humain pour ne vouloir pas répondre que je ne retombe un jour dans l’une de ces foiblesses ; mais ce dont je répondrai bien, c’est que ce ne sera pas pour une semblable Iris.

14. — Le duc de Saint-Aignan à Bussy.
À Saint-Germain-en-Laye, ce 26 janvier 1667.

Je ne saurois mieux reconnoître les obligeantes marques que je reçois de l’honneur de votre souvenir qu’en les faisant voir au roi. Je vous assure, monsieur, que ma satisfaction ne sauroit être entière quand il manquera quelque chose à la vôtre ; et comme vous la méritez très-parfaite, quand par mes désirs et par mes soins il ne faudra que hasarder ma vie pour vous procurer quelque avantage, vous connoîtrez que c’est avec beaucoup de sincérité que je suis tout à vous et votre très-humble et très-obéissant serviteur.

15. — Bussy au chancelier Séguier.
À Bussy, ce 30 janvier 1667.

Monseigneur,

J’espérois avoir l’honneur de vous revoir plus tôt ; mais il n’a pas encore plu au roi de me permettre de retourner