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Et qui doit le briser de son prochain effort.
C’est l’ange foudroyé qui tombe aux sombres bords.
Il vient jusqu’à nos rangs, tristement nous regarde,
Et dit à haute voix : « Adieu ! ma vieille garde !
J’ai, vingt ans au combat, guidé votre valeur
Et je vous vis toujours au chemin de l’honneur,
De l’Europe sur moi j’ai vu tomber l’orage ;
Des généraux français ont manqué de courage,
Et la France elle-même a trahi son devoir,
Avec vous je pourrais, conservant mon pouvoir,
Être longtemps encor vainqueur de ville en ville,
Mais périsse à jamais la discorde civile !
Ne plaignez pas mon sort, ô soldats généreux !
Il sera fortuné si vous êtes heureux.
Je pouvais, en brisant de fragiles entraves
Mêler, à Montereau, mon sang au sang des braves.
Mais je dois vivre, et veux avec fidélité,
Transmettre nos exploits à la postérité.
Dociles à vos chefs, sans crainte, sans envie,
À la France, à son roi, dévouez votre vie.
Je ne puis vous presser en ce moment fatal,
Mais j’embrasserai l’aigle et votre général.
Général, approchez ! et toi, drapeau fidèle,
Que ce baiser s’imprime à ta gloire immortelle !
Adieu donc ! ô guerriers toujours exempts d’effroi.
Mes braves ! mes amis ! adieu ! pensez à moi !! »
Il nous fait signe alors de reposer les armes,
Et la Garde, ces preux tant de fois triomphants,
Tristes, pleuraient ainsi que de faibles enfants !

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