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Dans sa 3e Esquisse, que nous considérons comme sa meilleure, le poète chante, en des vers vigoureux, qui démontrent ses merveilleuses aptitudes pour le genre épique, un tournois qui eut lieu à Fontainebleau sous François Ier.

Sa description est remarquablement belle, mouvementée, saisissante.

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Muse, élève ton vol, bientôt les cœurs vont battre.
Quand tous les chevaliers furent prêts à combattre,
Une voix s’écria : Partez !! Au même instant
Volent comme emportés par un foudre éclatant
Les rapides coursiers que l’éperon dévore ;
Leur course fait au loin gémir l’écho sonore.
Mais à l’heure terrible où ces masses d’airain
Vinrent, d’un rude choc ébranler le terrain,
L’explosion mêlée aux bruyantes fanfares,
Dont la rauque harmonie ornait ces jeux barbares,
Fut telle qu’on crût voir, en ces tristes moments,
Le palais s’écrouler jusqu’en ses fondements.
D’abord on ne vit pas, tant l’arène était noire,
Les bienheureux à qui souriait la victoire.
Mais quand un peu de calme et le vent orageux
Eurent chassé de l’air ce nuage fangeux,
Alors on découvrit la plus étrange scène :
L’un sans casque, un second pâle, décuirassé,
Un autre tout sanglant, grièvement blessé,
Et bravant, irrité de l’affront qu’il abhorre,
Le choc des cavaliers qui combattaient encore.
Le sol était couvert de lances et d’écus.
Quand, pour venger les siens loyalement vaincus,