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térêt et d’une éloquente poésie ; il en est qu’on voudrait pouvoir citer toutes entières.

Le portrait suivant, que le poète fait d’Henri IV, dans sa 1re Esquisse, est des plus gracieux et des mieux réussis :

D’où vient qu’il est absent ? Il aimait ce séjour ;
C’est lui qui fit percer ces arcades à jour
Qui décorent si bien cette large terrasse.
Aussitôt qu’il avait déposé la cuirasse
Il visitait ces lieux, s’égarait dans nos bois
Honorait le foyer du pauvre villageois
Cachait son rang, buvait, assis sur la bancelle,
Charmait de ses propos l’aimable jouvencelle
Et pour la rassurer riait de son effroi,
Quand la Cour, aux flambeaux, venait chercher le roi.
En mille occasions sa bonté fut extrême,
Il aimait l’indigent ; moi, qui le suis, je l’aime ;
Car ce roi vraiment roi, ne fut point à demi,
Galant homme, guerrier, père, fidéle ami.

(Esquisse Ire, page 20.)

Plus loin, le poète décrit en des vers exquis, d’une rare élégance, un lever de soleil sur la forêt. On croirait lire une page des « Méditations poétiques » de Lamartine :

Le jour naissait ; le ciel, le silence et les ombres,
Fuyaient à l’Occident moins paisibles, moins sombres.
Déjà l’aube éclairait l’oriental bandeau
Des reflets chaleureux du céleste flambeau.
Fleuve de rose et d’or qu’un merveilleux mystère
Fait briller chaque jour aux bornes de la terre.