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d’Allemagne en 1813, celle de France en 1814, et fut blessé à Leipsick[1].

Déjà, entre deux combats, et tout en faisant ses étapes, il accumulait des rimes dans sa mémoire, en attendant le moment de les noter au crayon, pendant une halte, sur un bout de papier, noir de poudre et chiffonné, qu’il conservait précieusement.

Quoi de plus intéressant que ce soldat-poète, promenant ainsi, sur la terre étrangère, ses rimes éparses dans un coin de sa giberne, mêlées à ses cartouches ?…


Plus tard, un de nos académiciens le surprit en train d’en noter quelques-unes fraîches écloses, dans son atelier de menuisier, entre deux coups de varlope.

On comprend la sympathie et l’estime dont des hommes comme Châteaubriand, de Pongerville, Soumet, Béranger, et d’autres savants illustres, honorèrent cet artisan aux mœurs pures, ce poète à la Muse sincère, sentimentale et douce, qui, sans leçons, et sans autres guides que son imagination, sa conscience honnête et la lec-

  1. Comme nous l’avons dit dans l’Abeille de Fontainebleau du 20 mai 1897, Durand assista aussi à Waterloo.