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pas toujours là : elle s’absentait de temps en temps pour aller chercher sa nourriture, et, pendant ces absences, je voyais avec surprise une foule de petits animaux très vifs, au nez pointu et à la queue frétillante, sortir de tous les trous du grenier et venir m’examiner dans mon berceau avec une mine curieuse et inquiète. Mais comme, ne sachant pas ce que me voulaient ces étranges petites bêtes, j’avais l’air encore plus inquiet qu’elles, elles se rassuraient bien vite. Alors, elles riaient entre elles de mon air naïf et finissaient par organiser de joyeuses rondes autour de mon sabot. J’appris bientôt, du reste, que ces petits animaux moqueurs étaient des souris.

De cette époque datent mes premières armes contre elles. Mais, je dois le dire, mon début dans la carrière fut loin d’être un succès. J’étais encore si gauche et si ignorant et je savais si mal m’y prendre pour les saisir ! Dès que j’en voyais une, la tête dans le trou d’une souricière, je m’approchais à pas de loup, j’allongeais la patte vers la souris en appuyant sur le ressort du piège. Crac ! Naturellement, il se détendait, et je restais tout interdit de voir ma souris, délivrée par ma maladresse, s’enfuir et disparaître dans son trou ! En sorte que ce n’était pas elle qui était attrapée : c’était moi.

Mais on ne reste pas toute sa vie un bébé et en grandissant, j’apprenais bien des choses. J’apprenais notamment que les chiens et les chats ne peuvent pas se souffrir : il y a entre eux une antipathie naturelle dont je commençai à ressentir les effets dans mes premières relations avec Tip-Top, le bouledogue de la maison qui avait sa niche dans le jardin. Quel être hargneux