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Qui pouvait venir si tard au logis ?

Voici que soudain, sous une poussée légère mais savante, la porte s’entr’ouvre. D’abord glacé de terreur, Caramel voit pénétrer dans l’appartement un homme de mauvaise mine, vêtu d’habits informes et couverts de boue.

Souvent Caramel avait entendu M. Picrate lire son journal à haute voix, et il savait ce que c’était qu’un cambrioleur.

Il connaissait ces hommes à figure sinistre autant que patibulaire, la petite casquette posée sur le coin de l’oreille, le foulard rouge autour du cou, la chemise de flanelle et le veston d’alpaga, les pantalons à pieds d’éléphant et le bout de la cigarette collé au coin de la lèvre inférieure.


Caramel voit arriver un cambrioleur.
Caramel voit arriver un cambrioleur.


Ah ! il était documenté sur l’uniforme de l’ « apache » de profession, notre bon et brave Caramel !

Aussi le reconnut-il tout de suite.

Aucun doute n’était possible, le singe avait bel et bien devant les yeux un authentique cambrioleur en personne !

D’ailleurs, comment douter en voyant l’homme de mauvaise mine sortir de sa poche une masse de fer recourbée du bout, tout un trousseau de clefs, un long couteau et un revolver ?

Bien entendu, Caramel tremblait et palpitait d’effroi, et son émoi était si grand qu’il s’était laissé glisser de son pouf et, caché derrière, ne perdait aucun des mouvements de l’homme à mauvaise mine.