Page:Rabier, Bringer, Caramel, histoire d'un singe, Boivin et Cie, 1927.djvu/23

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce n’était pas une opération facile, car le théâtre Guignol donné par le grand-oncle n’était pas un jouet de quatre sous.

Il comportait un nombre considérable d’acteurs, tels que Guignol, le Juge, le Gendarme, la fameuse potence, Polichinelle et le Commissaire, que ce gueux de Pulcinello assomme, sans compter le Diable qui, finalement, et pour le plus grand triomphe de la vertu, emporte Polichinelle dans les braises de l’enfer.

Il emporta son théâtre en marmottant et s’en fut la tête basse.

Justement, par la porte où il venait de sortir, entrait Caramel qui avait pu échapper à ses quatre farouches geôliers.

Cependant, la conversation continuait entre Mame Michel et Mlle Césarine, et comme l’histoire de Mme Lamanche menaçait de tirer en longueur :

— Si vous déjeuniez avec moi, mam’selle Césarine ? proposa Mame Michel.

— Oh ! non… merci !… minauda la locataire.

— Vous direz merci après ! continua la concierge.

— C’est que je suis pressée.

— Allons donc ! une tasse de café au lait, c’est bien vite avalé.

— C’est que je viens du marché !

— Qu’est-ce que cela fait ?

— Et Monsieur veut déjeuner à midi juste.

— Oh ! vous avez le temps !

— Oui ! mais j’ai un ragoût de mouton…

Mame Michel sert le café à Mlle Césarine
Mame Michel sert le café à Mlle Césarine