depuis des ans et des ans, de journaux de voyages, il avait toujours rêvé d’explorations lointaines, et, à force de parler des pays dont il lisait la description dans les journaux, il en était arrivé peu à peu à s’imaginer qu’il les avait visités.
À part ce petit travers, c’était un homme tout à fait excellent que M. Agénor Picrate, et on disait de lui le plus grand bien dans tout le quartier.
Et il vivait le plus tranquillement du monde entre son perroquet Jacot, son chat Minou et sa servante Stéphanie.
Jacot, il est peut-être bon de le dire, était un superbe perroquet de toutes les couleurs ; Minou était un chat, un chat noir, un chat de gouttière, mais remarquablement intelligent, bien que doué de pas mal de vices ; quant à Stéphanie, c’était la propre gouvernante du bon M. Picrate, une femme entre deux âges, partageant son affection en parties égales entre son maître, son chat et son perroquet.
À ne vous rien celer, l’entrée de mons Caramel dans la maison du bon M. Picrate ne s’accomplit point sans éveiller quelque jalousie de la part de Jacot, de Minou et de Stéphanie.
Il faut dire aussi que Caramel ne se comporta pas d’une façon très délicate. Je sais bien que sa jeunesse et son ignorance des usages du monde pouvaient l’excuser ; mais Mlle Stéphanie ne l’entendait pas de cette façon.
Caramel, flânant dans la cuisine en l’absence de Mlle Stéphanie, ne s’avisa-t-il pas de goûter à un miroton qui mijotait sur le feu et qui exhalait une bonne odeur d’oignons !…
Si, encore, il n’y avait mis que la patte ! Mais comme le fourneau était trop chaud, M. Caramel ne trouva rien de mieux que de tremper dans la succulente casserole le bout de sa longue queue.
C’était exquis ! Et jamais, au pays natal, sur les rives féeriques du Congo,