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Aussi le prit-il dans ses bras et se mit-il à le couvrir de caresses.

Ah ! comme Caramel lui eût bien rendu pour chaque baiser un coup de dents !…

Mais une grosse émotion l’étreignait : la joie de quitter Cookson, ses bottes et son moulin à café, et le bonheur de trouver un nouveau maître pour qui il se sentait déjà une immense sympathie.

Son cœur battait à se rompre, tandis que le marché se poursuivait :

— Voyons ! faisait M. Agénor Picrate, combien en voulez-vous ?

— Hé, hé ! répondit master Cookson, j’y tiens beaucoup ; il est si intelligent !

— Mais encore !

— Et puis, vous ne pouvez vous douter de tous les services qu’il me rend !


Caramel trempant se queue dans une casserole
Caramel trempant se queue dans une casserole

— C’est entendu ! Cependant…

Enfin, après une bonne demi-heure de marchandage, ce gredin de Cookson finit par céder Caramel au bon M. Picrate pour le quadruple du prix qu’il l’avait payé au matelot.

Caramel ne se sentait pas de joie, et s’il ne fit pas sa plus vilaine grimace à master Cookson, c’est que, apparemment, il ne voulait pas que son nouveau maître eût une trop vilaine opinion de lui.

Ah ! il avait bien raison de se réjouir, cet excellent Caramel ! Autant il avait été malheureux chez l’affreux Cookson, autant il coula des jours heureux chez ce bon M. Picrate.

Agénor Picrate avait cinquante-cinq ans au moins, il était célibataire, et possédait une dizaine de mille francs de rente.

À vrai dire, il n’avait jamais été explorateur de sa vie ; mais ayant fait sa lecture journalière,