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grand nombre contre nous que nous cuydions tous estre perduz d’abordée : car ilz rampoient et gravissoient avecques les ungles amont nostre navire, de sorte qu’il en estoit tout couvert, et, n’eust esté que mes gens estoîent gens-de bien et de deffence, et qu’à grands coups de halelebardes, de voulges, de picques et de haches d’armes, ilz les abattoient en la mer plus dru que mouches, nous estions tous perduz, mort ; et noyez, et pareillement nostre navire, sans qu’aulcun nous eust peu secourir ny saulver.


De la subtilité des Farouches ; comme ilz se plongent dedans l’eaue quand l’on tire de l’artillerie, et comme ilz sont difficiles à prendre.

CHAPITRE XI.


On dict communement qu’à quelque chose est malheur est bon ; mais je l’apperceuz à ceste heure là : car bien me print que mes genz n’avoient point d’oreilles, et qu’ilz et qu’ils estolent tous de nouveau tonduz, par quoy ilz ne les savoient par où prendre pour les jecter en la mer, sur laquelle iceulx Farouches nouent comme canardz, et se plongent dedans quand on les pense tuer de traict ou d’artillerie à feu, au