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et les font mener en leurs terres et seigneuries sur des brouettes, puis les font planter, et, lorsqu’ils sont desja grandz et parcruz, il ne leur fault que tourner les æsles vers le vent, et lors ils meulent et tornent comme ceulx de par deçà. Le seigneur à qui est la terre où ilz croissent en reçoit par chascun an ung merveilleux argent de ceulx qui les vont achapter : car l’on en meine par mer et par terre ung nombre infiny.


De la mer des Farouches, où les gens sont veluz comme ratz, et de leur manière de faire.

CHAPITRE X.


APRÉS avoir veu toutes ces choses, et que nous pensions bien estre quittes de tous perilz et dangers, nous cheusmes en ung aultre péril plus grand que tous les aultres que nous avons passez, comme vous orez. Car, en passant par la mer des Farouches, qui sont gens veluz comme ratz, et de telle couleur, qui habitent en cavernes au fons de la mer, esquelles ilz se cachent de peur d’estre mouillez quand il pleut en hyver, et en esté de peur de chaleur du soleil ; lesquelz apperceurent l’umbre de nostre navire passer par dessus eux, sortirent en si