Page:Rabelais ou imitateur - Le Disciple de Pantagruel, éd. Lacroix 1875.djvu/24

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

matériaux de ce livre dans le Disciple de Pantagruel, sans être taxé de plagiat effronté ? Or, personne n’a crié au plagiaire. En outre, Rabelais n’a fait que répéter, dans ce Ve livre, le procédé d’emprunt auquel il avait eu recours dans le livre IV, en y intercalant l’île des Ferrements et l’île des Andouilles farouches, que le Disciple de Pantagruel avait déjà visitées dans son voyage aux Iles inconnues. Enfin, l’Oracle de la dive Bouteille, qui fait le dénouement du roman pantagruélique, avait été inspiré, sinon fourni, par le Disciple de Pantagruel, puisque cet opuscule portait déjà le titre de Navigation du Compagnon à la Bouteille dans l’édition de Rouen, R, et J. Dugort, 1545, et que, dans une des premières éditions de l’ouvrage, la gravure sur bois du titre représentait Panurge tenant une bouteille ou un flacon tout à fait semblable à celui qui fut gravé sur bois dans les premières éditions du Ve livre, quoique la Bouteille et son Oracle ne soient pas indiqués dans le Disciple de Pantagruel, qui se termine néanmoins par ce vers bachique :

Et au dimanche boirons tous ensemble.

Rabelais avait mis, en quelque sorte, son cachet de fabrique sur la Bouteille du Disciple de Pantagruel, en y inscrivant comme règle de conduite cette sage et prudente maxime : « Vous sçavez qu’il y a au monde d’aussy grandz menteurs qu’en lieu où vous sçauriez aller, qui dient des choses qui ne sont pas vraysemblables ny conformes à raison ; pour laquelle chose éviter, et de paour d’encourir l’indignation et la haine des gens de bien, je me suis