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conservât en apparence cette prétendue destination, mais bien aux lettrés et aux doctes, aux philosophes et aux esprits les plus audacieux et les plus éclairés. Il se souvint toutefois de son Disciple de Pantagruel quand il composa son IVe livre et qu’il esquissa le Ve, laissé inachevé dans ses papiers. On retrouve, en effet, dans le livre IV, l’île des Papillons sous le nom de l’île des Papimanes (chap. XVIII), et les Farouches ainsi que les Andouilles, qui sont devenus les Andouilles farouches (chap. XXXV à XLII), en prenant des proportions homériques. Rabelais avait repris son bien, en puisant à pleines mains dans son Disciple de Pantagruel.

Il ne se fit pas faute de transporter des chapitres entiers de ce petit ouvrage dans le Ve livre, qui ne vit le jour qu’après sa mort : il y avait fait entrer l’île des Ferrements (chap. IX) et l’île des Lanternes (chap. XXXIII) ; mais, si ce chapitre n’est qu’un abrégé des trois chapitres consacrés à la réception de Panurge chez la reine des Lanternes, ceux-ci ont été jugés dignes de figurer en grande partie dans le manuscrit du Ve livre, qui nous a donné un texte beaucoup plus complet et plus correct que celui des anciens imprimés. C’est dans ces chapitres que Rabelais nous a conservé une précieuse nomenclature des danses, laquelle mérite d’être placée auprès de la longue litanie des noms de jeux, qui remplit un des chapitres du second livre de Pantagruel.

Ce fait seul suffit pour prouver que Rabelais est bien l’auteur du Ve livre, qu’on a eu l’idée malheureuse de lui disputer avec une sorte d’obstination. Quel autre que Rabelais serait allé chercher les