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supplices pour crimes d’hérésie, lorsqu’il raconte « la manière comment il eschappa de la main des Turcs ».

A ne parler aujourd’hui que du Disciple de Pantagruel, nous remarquerons seulement deux ou trois endroits, où l’auteur se pose ouvertement en confesseur de la vérité (et il sous-entend évangélique) et en adversaire de certaines pratiques de la religion romaine, comme un libertin qui s’en allait aux Iles inconnues pour y chercher du nouveau, c’est-à-dire la réforme du vieux monde. Dans l’Epistre au lecteur, après avoir cité Pline, Solin, Strabon, Lucien et Jean de Mandeville, comme de grands menteurs, il s’excuse de n’en pas nommer d’autres, « de peur, dit-il, qu’ilz ne me taxent de pareil crime, si j’escriptz chose qui ne leur semble pas estre vray. Toutesfoys, à juger mes escritz sans haine et sans faveur, on cognoistra évidemment que je suis le vray incitateur de vérité. » C’était se déclarer protestant, à mots couverts. Ensuite, Panurge n’admet, sur son navire, que des gens essorillés et camus, c’est-à-dire qui avaient souffert pour la Vérité ou pour la Religion nouvelle. Lui-même avait perdu aussi, à ce dangereux métier, une bonne partie de ses oreilles. « Quand je perdy la moytié de la gauche, dit-il, ce fut parce que j’estoys trop songneux de me lever au matin pour aller ouyr les matines et la première messe qui se chantoyent en l’eglise. » matines et cette messe doivent être mises au. compte du culte réformé. « La seconde foys que je feus reprins, ajoute-t-il, et que je perdy l’autre moytié, fut à cause que j’estoye trop friant de sermons et que j’estoye toujours devant la chaire