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teurs, car ces petits livres de propagande réformiste échappaient, par leur nature même, aux enquêtes de la Censure qui était toujours en éveil pour éplucher les publications nouvelles de la librairie. Cette Censure, si inquiète et si jalouse, ne daignait pas s’occuper de ces facéties populaires, qui semblaient, à première vue, n’avoir pas d’autre objet que de donner à rire aux lecteurs des classes illettrées. On devra donc rechercher plus tard, dans les Chroniques Gargantuines et Pantagruelines, quelles sont les hardiesses plus ou moins couvertes de l’auteur, qui ne se faisait pas faute d’attaquer, sous le masque, les choses les plus saintes et les plus respectées. On arrivera peut-être ainsi à découvrir une interprétation imprévue des deux premiers livres du Satyricon de Rabelais, en essayant de constater les analogies frappantes qui existent entre les faits principaux, mis en scène dans ces deux livres, et les événements historiques qui ont suivi l’origine et les progrès de la Réformation en France jusqu’en 1532. Dans cette nouvelle étude du Gargantua et du Pantagruel, il serait facile d’établir, avant tout, que c’est François Ierque Rabelais a voulu peindre sous les traits du géant Gargantua, et que son fils Pantagruel serait ainsi non pas Henri II, comme on l’a supposé sans se préoccuper de la raison inflexible des dates, mais le dauphin François, qui mourut d’une pleurésie à Lyon en 1536, et qui passait pour le protecteur-né des idées nouvelles en matière de religion, de morale et de gouvernement. Au reste, on a déjà reconnu, depuis longtemps, que Panurge, qui pourrait bien être le prototype de Rabelais lui-même ou du protestant libertin, fait allusion aux procès et aux