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notice biographique sur rabelais

comme plus tard dans son roman, les « buveurs » représentent les hommes passionnés pour la recherche de la vérité.


Tandis que le jurisconsulte Tiraqueau ne négligeait pas la littérature médicale, et fournissait parfois à Rabelais d’utiles renseignements, celui-ci de son côté s’intéressait fort aux études de son ami. En 1532, il se mit en tête de publier un texte juridique. C’était un testament romain qui venait, disait-on, d’être découvert, et semblait offrir un monument remarquable et authentique. Aussitôt que Rabelais en eut reçu communication, il en prit copie et, un peu hâtivement, il y joignit un contrat de vente également supposé, et publia le tout à deux mille exemplaires. Il avait même enrichi le texte d’une dédicace où il appréciait la valeur de cette prétendue découverte. Malheureusement les deux pièces étaient fausses[1] ; Rabelais, informé bientôt de la supercherie, mit autant d’ardeur à détruire l’édition qu’il en avait apporté à la publier. Un seul exemplaire (dont on ignore même le possesseur actuel, s’il existe encore) échappa à sa vigilance, et nous a conservé le témoignage de cette excursion inconsidérée de Rabelais en dehors du domaine de ses travaux accoutumés.

  1. Fabriquées l’une et l’autre, le testament dit de Cuspidius par Pomponius Lætus qui déclara la fraude dans son Histoire ; et l’acte de vente par Jovien Pontan qui avoue sa faute dans le dialogue intitulé Aetius.