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Xiv
notice biographique sur rabelais

gné de ceux dont le regret me consume (c’est-à-dire vous-même et notre cher Rabelais, le plus érudit de nos frères franciscains), d’un autre côté, pour revenir près de vous, ce qui, à ma grande joie, ne tardera guère, il faudra m’arracher aux délices d’Aymery. Mais je trouve une puissante consolation dans la pensée qu’en jouissant de l’un de vous deux, je jouis de l’autre, tant vous vous ressemblez par le caractère et par la science ; et que ce même Rabelais, si diligent à remplir les devoirs de l’amitié, nous tiendra compagnie par ses lettres, tant latines, dont la composition lui est familière, que grecques, dans lesquelles il s’essaye depuis quelque temps… Je me réserve de vous en dire plus long quand nous pourrons à loisir reprendre nos séances sous notre bosquet de lauriers, ou nos promenades dans les allées de notre petit jardin. »

L’ouvrage de Bouchard, où est insérée cette lettre de Pierre Amy, était une réponse à un traité de Tiraqueau (des lois matrimoniales et du droit marital selon la coutume du Poitou), publié en 1513 et 1515. Tiraqueau répliqua en 1524 par une nouvelle édition de ce traité, où ses bons et fréquents rapports avec Rabelais sont attestés plusieurs fois.

En tête du livre, on lit un sixain en grec, dans lequel Rabelais, définitivement familiarisé avec l’emploi de cette langue, n’hésite pas à placer son ami au-dessus de Platon. Pierry Amy ajoute un quatrain à la louange de Rabelais, qui probablement avait encore besoin de cette recommandation auprès du public érudit. Plus loin, au