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notice biographique sur rabelais

Ô merveilleuse absurdité ! Étrangers et insensibles à tout sentiment du beau, c’est vous, dont il convenait que toute votre communauté fût fière et glorieuse à cause de votre promptitude à vous élever au faîte du savoir, (c’est vous) qu’à force de dénigrement et de ligues, ils ont contraint de délaisser vos belles et sérieuses occupations ; comme s’il était réglé que toutes les communautés doivent s’engourdir dans l’ignorance des belles études ; et chérir cette sottise qu’ils appellent simplicité conventuelle. »

Il rappelle les attaques dirigées contre Érasme et contre lui-même ; loue Amy d’avoir souffert pour l’amour du grec, et se réjouit de le voir enfin hors d’ennui :

« Nous nous sommes félicité, lui dit-il en terminant, d’apprendre que, grâce à Dieu, vous vous êtes éloigné, non point à tort, à ce qu’on trouve, ni même sans gloire, et que vous avez tiré ce profit de la folie des hommes, que vous travaillez maintenant, à ce que j’ai compris, avec plus de plaisir et de facilité qu’auparavant, et aussi en meilleure santé ; car j’ai entendu dire que, d’abord indisposé à cause de l’inquiétude et du tourment que vous avez eu à subir, vous vous portez mieux maintenant. »

Budé, ignorant si Rabelais avait acompagné Amy, lui dit en terminant : « Saluez quatre fois le bien doué et savant Rabelais ; de vive voix, s’il est près de vous ; ou autrement par lettre. »

Ce n’était pas sans hésitation que Pierre Amy avait pris le parti de la fuite ; et dans son doute il avait résolu